Une de nos intentions est de produire une base de données en ligne contenant les termes que nous avons repérés concernant la terminologie de la paix dans toutes les langues que nous nous proposons d’étudier. Dans le même temps, il s’agit d’analyser leurs référents, compris grâce à l’étude de l’usage des termes dans des textes-clés. Cette base de données va offrir des possibilités d’interrogations, permettant aux utilisateurs d’explorer le concept de paix par langue, par référent, par tradition culturelle, par date, par aire géographique, etc. Cette base de données intégrée et multilingue donnera l’occasion de générer de nouvelles idées et hypothèses à propos du développement, de la transmission et des frontières des concepts spécifiques à chaque culture concernant la paix.

Cette base de données est divisée en deux tables connectées, chacune contenant sa propre série d’entrées. La première, « lemmata », est une liste des termes identifiés par les chercheurs comme ayant à voir avec le concept de paix. Pour chaque terme, une fiche est produite sous forme de notice de dictionnaire. Il est écrit à la fois dans son écriture originelle et en caractères latins. Cette table fonctionne comme la base d’un dictionnaire, avec une définition, une brève discussion sur son étymologie et sur les termes parents, une bibliographie et des notes sur son rôle en tant que terme signifiant « paix » ou des concepts avoisinant.

La seconde table, qui génèrera plus de fiches, donne les citations, des extraits des textes dans lesquels on a relevé les termes. À côté des informations sur le texte même, comme sa date d’écriture et/ou de composition, son support (papyrus, parchemin, inscription sur pierre…), le type de texte (poème, texte littéraire, déclaration officielle, texte administratif…), son contexte géographique et historique, etc., cette table propose une rubrique pour le cotexte en langue et écriture originale, et sa traduction en anglais. L’inclusion d’une rubrique « référent » est importante pour comprendre le signifiant de chaque terme de ce champ lexical. Si un terme donné est traduit par l’unique mot « paix », il peut néanmoins avoir des référents différents, voire antinomiques, ainsi, la « conciliation », dans le cadre d’une négociation, ou, à l’inverse, la « pacification », dans le cadre d’un système politique de type colonial.

Les deux tables sont reliées dans un système dynamique par les termes eux-mêmes qui en sont les entrées marquantes. Cela permet que la base de données globalise automatiquement les données saisies, afin de créer de brefs résumés facilitant des aperçus et des analyses rapides. En plus des informations saisies directement, la table lemmata en contient aussi sur la provenance de toutes les références.
Les liens entre les deux tables permettent aux chercheurs de notre équipe de recherche comme aux utilisateurs extérieurs d’explorer des notices plus en profondeur.

À côté d’un rapide aperçu facilité par les résumés dans la table « lemmata », le format de la base de données nous permet de réaliser des recherches plus poussées sur un ou plusieurs champs. Cette fonctionnalité perdurera une fois rendue accessible au public, sur notre site. L’insertion de champs donnant la date, la tradition culturelle (« Athénien », « Spartiate », « chrétien orthodoxe », « musulman », « gnostique »…), référent, etc., permettra aux utilisateurs de rechercher des modèles au-delà de ceux fournis dans les bases de données portant sur une seule langue. Ainsi, il pourront comparer le mot « paix », employé dans la Bible, en hébreu, et ses traductions en grec (la Septante) et latin (la Vulgate) ou dans les textes documentaires d’Égypte du IXe siècle en grec, copte et arabe.

Il sera aussi possible de comparer les termes de différentes langues pour un référent commun comme « réconciliation », « traité », « pacification » et ainsi de suite. Ceci est conçu comme un processus exploratoire dynamique et, à chaque étape, la liste des attestations fournira des réponses tangibles à des questions plus théoriques en fournissant des témoignages des termes en usage pour clarifier ce qui est signifié par chaque référent.

Une fois la base de données assez largement incrémentée, les textes qu’on y aura déposé pourront faire l’objet d’analyses plus poussées : colocation, tables de réseaux sémantiques, etc. Et, bien que le pouvoir de la base de poser des questions pertinentes dépende du nombre de textes saisis dans chaque langue, on conviendra que, même un nombre modeste de textes représentatifs, pourra satisfaire ses besoins de base.