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Fiche élaborée par Jean-Paul Brachet, Université Paris-Sorbonne

Famille de langue et particularités linguistiques

Langue indo-européenne occidentale, le latin, comme son nom l’indique, fut primitivement la langue de cette petite région d’Italie centrale appelée Latium, à laquelle appartenait, parmi bien d’autres, la cité de Rome. Le latin fait partie d’un ensemble appelé habituellement « langues italiques », qui remonte à un prototype commun, et comprend également les langues osque et ombrienne, ainsi que d’autres idiomes d’attestation plus restreinte. Osque, ombrien et langues proches forment un sous-groupe aux contours nets, qu’on appelle souvent aujourd’hui « langues sabelliques », et qui se distingue clairement du latin par un certain nombre de traits.

Écriture

Les peuples d’Italie ont appris l’écriture alphabétique des Grecs (Eubéens de Chalcis établis à Pithécusse et Cumes). Il s’agit de l’alphabet de type « chalcidien », dans lequel <X> note le groupe /ks/, et non l’aspirée /kh/. Les Étrusques les premiers (dès av. 700), puis les autres peuples d’Italie (7e s. pour Latium et ager Faliscus, 6e-5e ailleurs) on adopté et adapté l’alphabet grec. Dans le cas des Latins, des indices non douteux montrent que les Étrusques ont servi d’intermédiaires. L’alphabet à 20 signes (enrichi plus tard de quelques unités) est fixé dès les plus anciens documents notés en latin.

Étendue chronologique et géographique

Le latin est attesté épigraphiquement à partir du 7e-6e s. av. n. è., mais, avant les premiers textes littéraires, au 3e s. av. n è., nous ne disposons que de quelques dizaines d’inscriptions plutôt brèves. La langue littéraire se fixe au 1er s. av. n. è., au temps de Cicéron et César, et cette norme, malgré quelques évolutions assez limitées, subsiste jusqu’à l’époque tardive, voire encore au delà. Les déviations par rapport à la norme écrite sont limitées à l’épigraphie, elles n’affleurent jamais dans les textes littéraires avant le 5e voire le 6e s. de n. è. Le latin connaît une expansion continue dès lors que Rome eut commencé à conquérir l’Italie au delà des limites du Latium, dès le 4e s. av. notre ère. On notera que les Romains n’ont jamais eu de véritable « politique linguistique » ; ils n’ont jamais tenté d’imposer leur langue aux populations soumises, dont les élites, généralement favorables à la domination romaine, se sont mises à l’apprendre progressivement, avant qu’il ne se répande dans les couches sociales plus modestes. Le bilinguisme a été la règle dans un premier temps dans les couches sociales les plus élevées, et dans beaucoup d’autres catégories pour lesquelles la connaissance du latin était indispensable pour réaliser leurs activités (que l’on songe aux commerçants par exemple). Le latin était en outre la langue du droit, de l’administration et de l’armée. Néanmoins, dans la partie orientale de l’empire, le grec est resté la langue de la culture et de la communication.

Le latin survit en tant que tel jusqu’à l’époque carolingienne, dans la quasi totalité de l’ex-empire romain, puis il se perpétue sous la forme des langues romanes, la limite chronologique étant évidemment impossible à fixer autrement que de manière arbitraire.

Une fois supplanté comme langue vernaculaire, le latin subsiste, figé à peu près sous sa forme classique, comme langue de l’Église catholique romaine et des savants de toute l’Europe, et cela pour de nombreux siècles encore.

Vecteurs de rayonnement culturel

Le latin est indissociable de la diffusion de la culture gréco-romaine dans l’Empire romain, au moins dans sa partie occidentale, et, une fois l’Empire disloqué, dans ce qui sera l’Europe. Il devient également la langue de l’Église catholique romaine. On peut même dire que le latin est la langue qui a servi de support au développement de la civilisation européenne dans tous les domaines.

Corpus utile à l'étude du lexique de la paix

Étudier les désignations de la paix chez les Romains oblige à se replacer dans l’histoire générale de Rome, cité foncièrement conquérante qui n’a cessé d’étendre sa domination sur des peuples d’abord voisins puis de moins en moins proches. La « paix », pax, pour les Romains, est inégalitaire, c’est en fait leur domination acceptée par les vaincus, qui reconnaissent généralement leur soumission en concluant un « pacte », foedus, avec leurs vainqueurs.

Les Romains ont connu également la « guerre entre citoyens », le bellum ciuile — expression que décalque « guerre civile ». Pour l’éviter, et maintenir la pax à l’intérieur, il faut préserver la concordia entre les composantes de la société.

Les « mots de la paix » que nous retiendrons seront donc pax, foedus, concordia. Pour les étudier, nous mettrons à contribution les œuvres des historiens, particulièrement Tite-Live, qui offrent de nombreuses attestations des mots, mais aussi les autres écrivains sans exclusive.

Bibliographie

• Ernout, Alfred, et Meillet, Antoine. Dictionnaire étymologique de la langue latine. 4e éd. 1959, 4e tirage revu par Jacques André, Paris, Klincksieck, 1985.
• Leonhardt, Jürgen. La grande histoire du latin. Des origines à nos jours. Paris, CNRS Éditions, 2010 (trad. fr. de Latein. Geschichte einer Weltsprache, Munich, Beck, 2009).
Oxford Latin Dictionary. Sous la direction de P. G. W. Glare, Oxford University Press, 1968-1982.
• Article pax dans Dictionnaire Historique et Encyclopédie Linguistique du Latin, http://www.linglat.paris-sorbonne.fr/dictionnaire:pax

To cite this article

Jean-Paul Brachet, "Latin", Les mots de la paix/Terminology of Peace [en ligne], mis en ligne le 11/08/2016, consulté le .